Le lendemain, nous échangions notre chambre au manoir pour un mobil-home, l’atmosphère y était moins désagréable qu’au manoir mais elle resta pesante. Nous avons alors décidé de mener notre propre enquête, cherchant à entrer en connexion avec les esprits bienveillants qui habitaient encore ce lieu. Parmi eux, les arbres et les esprits des élémentaires semblaient veiller silencieusement sur le domaine. En nous ancrant à cette énergie, nous avons entamé un dialogue avec un vieil hêtre, ancien et sage, profondément enraciné dans ces terres.
Il nous a confié son lourd fardeau :
« J’ai été témoin d’innombrables mises à mort à l’époque où l’esclavage sévissait. J’ai vu des sacrifices, et on a même osé m’utiliser pour des rituels sombres. » Ses mots portaient la mémoire d’une douleur profonde, celle des âmes tourmentées qui avaient traversé cet endroit.
Soudain, il nous a demandé de tourner la tête vers le lac derrière nous, en nous indiquant un héron posé tranquillement de l’autre côté. Bien que le héron fût bien là, nous ne comprenions pas pourquoi il nous invitait à le regarder. Alors, le hêtre nous révéla un détail troublant :
« Avant, il n’y avait pas de point d’eau ici. L’étang est artificiel. »
Ce lac, manifestement, était le fruit d’une intervention humaine récente, et portait en lui des énergies non naturelles.
Enfin, il nous expliqua que son écorce, celle de l’arbre qu’il habitait, avait été utilisée à des fins sinistres, pour manipuler les gens et amplifier les rituels de contrôle. Ses racines portaient l’histoire d’un lieu violé par des forces obscures.
Cela renforça notre détermination à libérer ce domaine des ombres qui y persistaient encore. Nous avons poursuivi notre exploration avec une vigilance accrue, guidés par les énergies du lieu. C’est alors que nous avons été attirés par un regroupement d’arbres qui semblait nous appeler. L’atmosphère y était lourde, et en nous connectant aux esprits des arbres, nous avons découvert une sombre vérité.
À cet endroit, des personnes avaient été attachées aux troncs pour des rituels sanglants. La présence de magie noire y était palpable, imprégnant chaque fibre de l’environnement. Au centre de ce cercle d'arbres, l’un d’eux, porteur d’une mémoire ancienne, nous révéla qu’autrefois, une large table ronde trônait ici. En son cœur, un puits énergétique servait de catalyseur pour ces rituels obscurs. L’un des arbres montrait même un point de regard gravé dans son écorce, comme un témoin silencieux des horreurs passées.
Alors que nous approchions du bord de ce regroupement, un autre arbre nous
interpella. À ses pieds, un amas de déchets semblait dissimuler quelque chose. Il nous expliqua que des corps avaient autrefois été entreposés ici, abandonnés à cet endroit pour être oubliés. En examinant cet arbre, un chêne majestueux, nous remarquâmes une étrange boule au bout de l’une de ses branches. Ce détail insolite nous interpella, et en nous concentrant sur son énergie, l’arbre nous révéla qu’il s’agissait en réalité de son cœur.
Cette boule, porteuse de vie, semblait encore souffrir des énergies négatives
qui avaient marqué cet endroit. Nous avons poursuivi notre chemin, nos sens toujours en éveil, jusqu’à atteindre les abords de l’eau. C’est là qu’une ondine apparut soudainement, émergeant des reflets argentés du lac pour venir à notre rencontre. Son aura était douce mais empreinte de tristesse.
Elle nous expliqua qu’autrefois, ce lieu n’était pas seulement marqué par
des événements tragiques. Autrefois, c’était un véritable havre de paix pour les créatures de l’invisible, un sanctuaire où elles vivaient en harmonie.
Cependant, tout avait changé avec l’arrivée des hommes. Leur présence avait
perturbé l’équilibre du domaine, provoquant la fuite de nombreuses créatures
élémentales. Certaines avaient choisi de partir, tandis que d’autres avaient été chassées, remplacées par des êtres bien plus sombres. L’ondine parlait à demi-motsde vilaines entités, des forces négatives dont elle refusait de prononcer les noms, comme si leur simple évocation pouvait les attirer.
Nous continuâmes notre marche, encore imprégnés des paroles de l’ondine, et
bientôt nous découvrîmes un espace secret : l'habitat des ondines. Un lieu empreint de mystère et de beauté, où la nature elle-même semblait vouloir protéger ces esprits d'eau.